Ancien joueur professionnel passé par le Racing durant sa formation, Jérémie Aliadière s’est confié sur ses premières années en Ciel et Blanc et revient pour nos lecteurs sur ses expériences à Arsenal, Middlesbrough ou encore Lorient.
Peux-tu peux te présenter aux supporters du club ?
J’ai trente-sept ans. Je suis retraité du football depuis trois ans. J’ai commencé le football à Rambouillet avant de rejoindre le Racing. En même temps, la semaine je m’entrainais à l’INF Clairefontaine. A l’âge de seize ans j’ai signé à Arsenal, j’y suis resté pendant huit ans.
Ensuite, j’ai été transféré à Middlesbrough dans le nord de l’Angleterre durant trois années. A la fin de mon contrat, je me suis retrouvé un an sans club à cause d’une grosse blessure, puis j’ai rebondi à Lorient pendant trois saisons.
Sur la fin de ma carrière, je suis parti un an et demi au Qatar avant de retourner à Lorient pour une dernière saison.
Tu as commencé le football à Rambouillet, peux-tu nous raconter quand et comment tu es arrivé au Racing ?
J’intégrais l’INF Clairefontaine à ce moment-là. Il fallait que je trouve un club qui jouait au plus haut niveau chez les jeunes. Dans ma famille, il y avait une petite relation avec le Racing puisque mon grand-père était entraineur de la section basket. Mon père et mes oncles ont joué pour la section basket du Racing.
On a pris contact avec la section football, nous nous sommes rencontrés et ça s’est fait. Ils ont su que je rentrais à Clairefontaine, ils se sont sûrement dit que j’étais un bon jeune. Cela faisait un peu de route de Rambouillet à Colombes pour les matchs mais il fallait faire ce sacrifice.
Donc, tu ne jouais que les matchs au Racing ?
Exactement. Je ne m’entrainais jamais avec mes coéquipiers. Je venais le samedi pour le match. Au départ, c’était assez bizarre parce que tu crées les liens à l’entrainement mais je ne les voyais pas la semaine.
Franck Beria qui jouait avec moi au Racing, était aussi à Clairefontaine On était dans la même promotion et il m’a permis de mieux m’intégrer dans l’équipe. Puis il y avait des bons gars comme Yacine Ayad donc ça a été facile pour moi.
Qu’as-tu vu de différent au Racing par rapport à ton premier club ?
Tout d’abord les infrastructures avec tous les terrains qu’il y avait. En -13 ans, on jouait sur la plaine au fond du complexe et on se demandait pourquoi on était toujours là-bas. Quand on est passé en -15 ans Nationaux, on jouait sur le terrain avec la petite tribune, c’était autre chose.
Le long tunnel pour rejoindre les nombreux vestiaires m’a aussi marqué. A chaque fois que je reviens sur Paris, je passe toujours devant le stade, souvent je me dis je vais m’arrêter pour voir comment c’est devenu… Bon, tu me dis qu’il y a toujours autant de terrains et de vestiaires, donc ça n’a pas autant changé (rires).
L’atmosphère était différente aussi. Il y avait toujours du monde autour du terrain pour supporter le Racing. C’est un club qui a une histoire et c’était pour moi une grosse différence par rapport à Rambouillet.
Qu’est-ce que le club t’a apporté sur et en dehors du terrain ?
En dehors du terrain ça m’a permis de sortir de Rambouillet et de rencontrer d’autres personnes. Ça m’a ouvert l’esprit. On était tous ensemble, on kiffait, on jouait et on rigolait. Même si je n’étais pas des alentours, je me suis bien senti à Colombes et ça m’a fait grandir. J’ai pris de la maturité en voyant autre chose.
Côté terrain, tu joues à un plus haut niveau avec des meilleurs joueurs, même si la semaine j’étais également avec de bons joueurs à Clairefontaine. On jouait des vrais matchs à enjeu le week-end. Je me suis développé un peu plus sur le terrain.
Les deux ans sont passés assez rapidement. Je n’étais pas beaucoup présent vu que je faisais que les samedis, mais on avait quand même réussi à créer des liens. Une nouvelle fois je te parle de Yacine Ayad parce qu’il m’a marqué. C’était le capitaine et celui qui mettait l’ambiance dans le groupe. J’ai kiffé toute l’année en -13 avec lui et les autres. Et pendant pas mal d’années nous sommes restés en contact alors que nous n’avons joué que deux ans ensemble.
Ça reste un club qui m’a marqué dans ma carrière et dans ma vie.
Tu es passé en deux ans du Racing à Arsenal. C’est allé assez vite pour toi.
Oui c’est allé très vite. Lors de ma dernière année au Racing, on fait une belle saison en battant plusieurs clubs professionnels. La saison d’après, je joue avec l’INF Clairefontaine et je rejoins Arsenal par la suite. Je ne me suis jamais dit en étant au Racing que j’irai à Arsenal quelques mois plus tard.
Quel genre de joueur étais-tu durant ta carrière ?
J’ai grandi avec l’esprit de l’INF Clairefontaine qui était beaucoup basé sur la technique, le jeu au sol, en triangle… En passant à Arsenal, j’ai du « changer » un peu mon football avec ce côté anglais, un peu plus physique. J’avais ma petite touche technique que j’ai appris en France dans les clubs où j’ai joué, et j’avais ce côté « guerrier » appris en Angleterre.
De manière générale, je suis un joueur qui pense beaucoup, qui joue en mouvement. J’ai su m’adapter en fonction de l’équipe dans laquelle j’étais. En Angleterre, on m’utilisait plus dans le jeu en profondeur alors qu’en France à Lorient, on me trouvait plus dans les pieds. On essayait de faire des bons mouvements, un jeu en une ou deux touches de balles Il fallait sentir le jeu.
Tu retrouvais au Racing cet esprit de l’INF Clairefontaine basé sur la technique ?
Ce n’était que ça au Racing. J’ai pris du plaisir pendant deux ans car ce que je faisais la semaine à l’INF, je le retrouvais le week-end au Racing. Ca jouait au football. Je ne sentais pas de différence. On produisait du beau jeu et on prenait du plaisir.
Quel bilan tires-tu de ta carrière professionnelle ?
Je pense que j’aurais pu faire une bien meilleure carrière si j’avais été armé mentalement et que j’avais cette confiance en moi. Sans parler des blessures qui ne m’ont pas aidé.
J’ai eu beaucoup de pression très jeune et je n’étais pas fort psychologiquement par rapport à ça.
Quand je m’entrainais avec Dennis Bergkamp et Thierry Henry à Arsenal, je me sentais vraiment inférieur à eux et j’avais cette peur de louper des actions. C’est l’une des raisons pour laquelle je n’ai jamais vraiment pu percer là-bas.
Si j’avais été plus fort dans ma tête, j’aurais pu aspirer à mieux.
Quels sont tes meilleurs souvenirs ?
Sans aucun doute avoir gagné la Premier League en 2004 avec les invincibles. C’est très fort de finir un championnat sans avoir perdu le moindre match, quand tu vois qu’aujourd’hui personne n’arrive à le reproduire. C’est quelque chose de très spécial. Je ne m’en rendais pas forcément compte à l’époque.
J’ai aussi gardé de très bons souvenirs à Lorient Je me suis vraiment amusé là-bas. J’ai senti que rien ne pouvait m’arriver surtout la saison où j’ai mis ma vingtaine de buts. La chance était avec moi. Même quand j’étais moins bien sur le terrain, j’avais toujours une occasion pour la pousser au fond des filets. Cette saison m’a permis ensuite d’aller au Qatar vivre autre chose. Elle m’a aussi permis d’être reconnu en France car je suis parti très tôt en Angleterre. Peu de personnes savaient vraiment ce que je valais. Je suis content d’avoir pu évoluer en Ligue 1.
Durant ta carrière, tu as joué avec et contre des joueurs qui sont passés par le Racing. Est-ce que tu as toujours suivi le club même après ton départ ?
Même si je ne peux pas suivre les matchs, je reste toujours intéressé par les résultats du club. J’ai passé un an à Arsenal avec Guillaume Norbert le coach de la Nationale 3. On jouait ensemble en réserve.
Partout où je suis passé lors de ma carrière, j’avais l’impression qu’il y avait toujours quelque chose qui me rappelait le Racing. A Lorient, il y avait Michael Ciani et Maxime Barthelmé avec moi. On parlait souvent du Racing.
As-tu des conseils à donner aux plus jeunes ?
Il faut jouer pour les bonnes raisons, la passion du foot notamment. Aujourd’hui, j’ai l’impression que les jeunes se disent que le foot peut être une porte de sortie pour gagner beaucoup d’argent. Si ça peut aider mentalement, pourquoi pas. Mais le plus important est d’être passionné.
Il faut aussi croire en ses qualités et ne penser qu’au football. Si tu as cette envie de t’entrainer tout le temps, que tu as toujours un ballon au pied, tu progresseras et quelqu’un croira en toi et te donnera une opportunité. C’est une discipline à adopter.
Il ne faut pas oublier l’école qui reste la priorité. Les deux ne sont pas incompatibles, au contraire.
Un dernier mot pour les supporters du club ?
Ce serait un plaisir de revenir à Colombes un jour. En France, c’est un club que je suis et que j’aime. J’espère qu’ils pourront de nouveau accéder au plus haut niveau.
Je leur souhaite le meilleur. Allez Racing !
Interview réalisée par Dalil Bouchakour.